L’eau est la première ressource partagée au monde. Elle est au fondement de la croissance et du développement des écosystèmes et des civilisations humaines. Mais aujourd’hui, une forte pression pèse sur cette réserve vitale.
Les changements climatiques affectent la disponibilité de l’eau. à mesure que les températures mondiales augmentent, les glaciers fondent, les lacs s’évaporent et le niveau des mers s’élève, entra?nant une salinisation des eaux souterraines c?tières. Les phénomènes météorologiques, qui deviennent plus extrêmes et se font plus fréquents, rendent l’approvisionnement en eau plus imprévisible.
Alors que la population mondiale ne cesse d’augmenter, la demande en eau s’accro?t elle aussi, induite par l’agriculture, les ménages, l’assainissement, les activités industrielles et la production d’électricité. Dans le même temps, la pollution de l’eau augmente à un rythme sans précédent, car les contaminants qui nuisent à la qualité de cette ressource se multiplient d’un bout à l’autre du cycle.
Pour protéger et préserver nos ressources en eau –?et donc nos sociétés et nos économies, ainsi que notre santé et celle de notre planète?–, nous devons d’abord mieux les conna?tre, et donc mesurer, surveiller et suivre les mouvements de l’eau et de ses polluants. Nous avons besoin de données, de technologies économes en eau (en particulier dans l’agriculture et l’industrie) et de systèmes de gestion de l’eau efficaces, mais également d’une collaboration et d’une coordination entre les secteurs et par-delà les frontières nationales.
Cette année, le forum scientifique de l’AIEA aura pour thème ??L’atome pour l’eau??. Les sciences et technologies nucléaires nous offrent d’excellents outils pour comprendre nos ressources en eau et les protéger, ce qui explique pourquoi l’AIEA a fait de l’eau un domaine prioritaire de travail dès sa création.
Depuis 65?ans, l’AIEA surveille les précipitations au moyen du Réseau mondial de mesure des isotopes dans les précipitations, qui fournit des données de référence pour la recherche hydrologique et la gestion des ressources en eau. La Section de l’hydrologie isotopique de l’AIEA et son laboratoire étudient les isotopes présents dans l’eau pour en déterminer l’age et la source, suivre ses mouvements et évaluer sa qualité. Les données recueillies aident à déterminer la quantité d’eau dont nous disposons et le temps nécessaire à la recharge des eaux souterraines, pour nous assurer que nous utilisons l’eau de manière rationnelle. En outre, elles aident à identifier les contaminants dans l’eau et à suivre leur parcours.
L’AIEA a également derrière elle une longue expérience de développement et de diffusion de technologies et de méthodes nucléaires et isotopiques permettant de surveiller, de mesurer, de préserver et de maintenir les ressources en eau. Ce numéro du Bulletin de l’AIEA présente certains de nos travaux dans ces domaines, tels que le recours simultané à des données fournies par des humidimètres à neutrons de rayons cosmiques et à la technologie d’irrigation au goutte-à-goutte pour aider les agriculteurs à utiliser l’eau de manière plus rationnelle, ou encore le traitement des eaux usées au moyen de la technologie des faisceaux d’électrons pour faciliter la collecte des microplastiques et leur élimination.
Ce numéro montre également comment les scientifiques de l’AIEA se servent de l’intelligence artificielle et d’autres technologies de pointe pour faire progresser l’analyse et la modélisation tout au long du cycle de l’eau afin de fournir aux décideurs de meilleures informations pour la gestion des ressources en eau.
La pollution, et notamment la pollution plastique, nuit à nos systèmes hydrologiques et à nos océans. En?2021, j’ai lancé l’initiative Technologie nucléaire au service de la lutte contre la pollution par le plastique (NUTEC?Plastics), dans l’idée de tirer parti du potentiel de la science nucléaire pour trouver des solutions à la crise mondiale de la pollution plastique en améliorant le recyclage et en réduisant la pollution marine par le plastique. En?2023, j’ai mis en place le Réseau mondial des laboratoires d’analyse de l’eau (Réseau?GloWAL) pour aider les pays à gérer efficacement leurs ressources en eau et pour favoriser la collaboration et l’innovation dans le domaine de la recherche sur l’eau. Dans le cadre de son programme de coopération technique, l’AIEA apporte aux pays les formations, l’expertise et l’équipement nécessaires pour renforcer leurs capacités nationales de recherche sur l’eau et de surveillance et de gestion de cette ressource.
Nous partageons un même système hydrique mondial?: ce qui se passe dans une région peut influer sur les ressources en eau dans une autre région. Pour gérer efficacement les ressources en eau de la planète, nous devons comprendre ces liens et coopérer. En travaillant ensemble, nous pouvons construire une économie de l’eau plus circulaire et plus durable, qui protège notre environnement et profite à toutes et à tous.
